Bien installés, « en robe de chambre et pantoufles », des artistes parisiens se laissent conter les voyages du capitaine Pamphile entre Europe, Afrique, Indes et Canada. Dumas maîtrise à la perfection les codes du roman d’aventures maritimes : il en régale ici le lecteur. Mais sous la narration alerte pointe l’ironie et la critique. Ce qui fait le caractère unique de ce roman, c’est la révélation de la noirceur des desseins humains, décuplée par la mondialisation du XIXe siècle. Esclaves et animaux sont traités comme des marchandises, juste bonnes à assouvir l’avidité d’une poignée de profiteurs, qui s’enrichissent autant par leur manque de morale que par la bêtise des hommes. Au capitaine Pamphile, anti-héros par excellence, Dumas oppose la figure de l’artiste, généreux et idéaliste, seul à même de proposer une société véritablement humaniste, meilleure, utopique.